La dissertation permet d’évaluer simultanément la maîtrise des connaissances et les capacités de rédaction.
La dissertation est révélatrice des qualités de l’élève :
Esprit d’analyse et de synthèse
Capacité à problématiser et à argumenter
Aptitude à gérer son temps
Aptitude à exprimer ses idées
Disserter s’apprend : il suffit d’en connaître les règles puis d’acquérir les « savoir-faire » par un entraînement systématique.1. Première étape : l’analyse du sujet
2. Deuxième étape : mobiliser les connaissances
3. Troisième étape : de la problématique au plan
4. Quatrième étape : l’introduction
5. Cinquième étape : l’argumentation
6. Sixième étape : rédiger
7. Septième étape : conclure
8. Huitième étape : pour aller plus loin.
PREMIERE ETAPE : l’analyse du sujet
Etape incontournable (15 mn) – pour décrypter le sujet, traiter tout le sujet, rien que le sujet – étape souvent négligée par l’élève !
Quatre moments de travail :
repérer et définir le champ d’étude : les concepts clés doivent être définis au brouillon, définitions qui seront ensuite utilisées dans l’introduction de la dissertation.
La qualité des définitions détermine la suite du travail : une bonne définition met en évidence le contenu mais aussi les limites de l’objet étudié. Ceci permet de clarifier le « thème » du sujet et d’identifier le champ de connaissances auquel il se rattache ; on peut alors faire un inventaire rapide des notions clés et des références essentielles sur ce thème (historique, analyses, ..)
comprendre le sujet : le sujet peut poser une question explicite, claire (ex : la croissance peut-elle être durable ?) ; mais le sujet peut rester implicite, ne pas proposer une problématique ; c’est à l’élève de l’expliciter en dégageant la ou les questions clés (ex : évolutions de l’entreprise et du capitalisme, depuis la fin du 19ème siècle).
Dans tous les cas, il faut être attentif aux mots et expressions qui délimitent le travail à effectuer et respecter les consignes. (ex : analyser les relations entre… ; peut-on à juste titre parler de…)
délimiter le champ du sujet : le sujet peut être général et porter sur l’ensemble de la période et des pays concernés ; il faudra veiller à couvrir l’ensemble du champ en variant les exemples dans le temps et dans l’espace. Au contraire, les champs géographique et temporel peuvent être explicitement délimités (indication du pays et de la période)
reformuler la question : le travail d’analyse du sujet se termine avec la (re)formulation de la question. Au brouillon, il peut être très utile de schématiser la question.
Exemples : pour le sujet « l’accumulation du capital est-elle la source principale de la croissance économique ? » avec le schéma :
Accumulation du capital =>> source principale ? =>> Croissance économique
Ce qui est différent de
Accumulation => ? Croissance
Du capital <= ? Économique
Cette schématisation prépare l’explicitation et la présentation du sujet dans l’introduction.
Exemple : pour les sujets implicites (tels que « évolutions de l’entreprise et du capitalisme depuis la fin du 19ème siècle »), on peut décomposer le sujet comme suit :
les transformations structurelles du capitalisme impliquent des évolutions de l’entreprise
réciproquement, les évolutions de l’entreprise expriment les transformations profondes du capitalisme.
Et donc, une reformulation de la question pourra être : Comment les évolutions du capitalisme et de l’entreprise s’articulent-elles, depuis la fin du 19ème siècle ?
DEUXIEME ETAPE : mobiliser les connaissances.
Il n’y a pas de dissertation sans connaissances. Il faut mettre en relation un sujet et des connaissances. Le travail de mobilisation des connaissances s’inscrit dans le prolongement immédiat de l’analyse du sujet ; les bonnes idées s’envolent vite, il faut donc noter au brouillon les éléments qui vont soutenir votre raisonnement jusqu’à la fin de la dissertation.
* Mobiliser les connaissances pertinentes …. : L’analyse du sujet a permis de repérer les notions clés et d’inventorier rapidement les analyses et exemples essentiels ; il faut après sur le brouillon explorer le champ conceptuel et historique en restant dans la perspective du sujet. (votre cours et vos lectures)- une connaissance en appelle d’autres, les noter vite si et seulement si elles s’inscrivent dans le cadre du sujet.
* … puis les classer : il est nécessaire de classer et de hiérarchiser les connaissances : les notions les plus proches du sujet devront être définies de façon détaillée et illustrées par des exemples approfondis ; ces explications exigent à leur tour d’utiliser d’autres notions qui ne seront que brièvement explicitées (il ne faut pas les approfondir, il faut les citer, elles sont bien dans le sujet et cette réflexion contribue à enrichir le sujet)
TROISIEME ETAPE : de la problématique au plan.
A la différence d’une question de cours qui demande de « réciter » des connaissances, une dissertation exige de dégager une problématique à laquelle il faudra répondre : la pertinence de la question posée est la première condition de la réussite de la dissertation. La problématique est l’ensemble des questions auxquelles il faudra répondre pour traiter le sujet posé. La problématique centrale se dégage de la (re)formulation du sujet et se décline en questions plus précises auxquelles répondront les parties et sous-parties de la dissertation. Une problématique centrale est bonne si elle permet de couvrir tout le champ du sujet et révèle son intérêt.
Exemple : pour le sujet « progrès technique et emploi », se pose la réflexion : le progrès technique est accusé de façon récurrente de détruire les emplois et d’engendrer le chômage ; pourtant la corrélation entre progrès technique et emploi se révèle positive à long terme ; ce paradoxe justifie le sujet et fournira un fil conducteur à la dissertation ; on peut alors formuler 3 questions :le progrès technique influence-t-il le volume de l’emploi ?
le progrès technique influence-t-il la structure de l’emploi ?
l’emploi, en retour, influence-t-il l’intensité et la nature du progrès technique ?
Si la problématique se déduit du sujet, le plan se déduit de la problématique.
Le plan structure la dissertation en dégageant les principales étapes de la réponse apportée au sujet. Construire un plan ne signifie pas seulement trouver les titres des deux ou trois grandes parties : le plan doit être décomposé en sous-parties ; pour chacune d’entre elles, il faut noter l’idée directrice, les principaux arguments et exemples utilisés. Il permettra ainsi de rédiger directement sans ratures importantes. On distingue 3 axes de travail.
* Du plan provisoire au plan définitif : le premier jet constitue un plan provisoire qu’il faut examiner de façon critique et corriger. Le plan résulte d’un dialogue entre le sujet et les connaissances : chaque partie ou sous-partie s’inscrit-elle dans la problématique centrale du sujet ? les différentes parties s’enchaînent-elles logiquement pour construire une réponse au sujet posé ? y a-t-il des répétitions ? Les parties et sous-parties sont-elles suffisamment équilibrées ? Après corrections, le plan devient définitif ; un bon plan traite le sujet, est progressif et équilibré.
* Plan formel et plan véritable un plan ne doit pas être formel, il doit exprimer la réflexion cohérente de l’étudiant. Eviter les plans « oui/non ». (un argument et son inverse) ; c’est un plan formel mais pas un plan raisonné ; un bon plan doit être cohérent et doit mettre en évidence la cohérence de la réponse au sujet.
[Pour organiser un plan, il est souvent utile de distinguer deux (ou trois) niveaux de raisonnement : court, (moyen), long terme / dans le contexte 1, dans le contexte 2 / sur la période 1, sur la période 2 / les dimensions structurelles et conjoncturelles / effets ou causes directs et indirects / effets quantitatifs et qualitatifs / optique microéconomique et macroéconomique / effets (ou causes) internes ou endogènes et externes ou exogènes / du côté de l’offre et de la demande. Ces subdivisions simples sont particulièrement efficaces pour structurer les sous-parties de la dissertation. ]
* Les différents types de plan
Le plan peut comprendre 2 ou 3 parties, elles-mêmes subdivisées en 2 ou 3 sous-parties. Il n’y a pas de plan type mais des plans adaptés au sujet posé et aux connaissances : rien ne sert de trouver un plan original si on ne peut développer précisément les arguments annoncés.
Les plans les plus usuels sont présentés dans le tableau : typologie des plans.
Mais le plan définitif peut s’éloigner de ces plans types si le sujet ou les connaissances le justifient, et d’autres plans peuvent être plus originaux.
QUATRIEME ETAPE : l’introduction
Après avoir analysé le sujet et construit un plan adapté, on peut rédiger l’introduction.
L’objectif est d’engager le lecteur vers sa démarche cohérente et pertinente de traitement du sujet. L’introduction ne doit pas empiéter sur le développement : elle justifie le sujet et avance une problématique, elle pose le problème mais n’y répond pas.
C’est un moment fort de la dissertation qui fournira au lecteur-correcteur les premières impressions souvent déterminantes. L’introduction doit donc être rédigée au brouillon. Elle doit être précise, ce qui interdit les généralités et les banalités ; elle doit être proportionnée au devoir, représenter moins d’un huitième de la dissertation (moins d’une page sur huit). Traditionnellement, on distingue 3 temps dans l’introduction mais il est possible de dépasser ces 3 règles si cela améliore l’introduction ou est nécessaire pour le sujet ;
* L’accroche : il faut placer le lecteur dans la perspective du sujet ; l’accroche porte logiquement sur ce qui est immédiatement en amont du thème central du sujet ; il faut éviter les accroches journalistiques : une référence historique ou théorique est plus valorisante et justifie mieux le sujet. On peut ensuite, selon les sujets, définir les notions clés ou préciser le contexte dans lequel il faut le placer
* L’énoncé du sujet et la problématique : la définition des notions clés du sujet ou l’évocation d’un fait historique majeur révèlent l’intérêt du thème, il faut alors énoncer le sujet.
On peut ensuite présenter la problématique et préciser les champs historiques et géographiques. C’est là un moment clé montrant la bonne compréhension du sujet, dans ses diverses dimensions. Inutile d’écrire « ce sujet est intéressant », c’est l’enchaînement cohérent des propositions qui établira cet intérêt.
* L’annonce du plan : on peut reprendre les éléments essentiels de la problématique pour présenter le plan. L’introduction générale ne présente que le plan d’ensemble, les idées directrices des 2 ou 3 grandes parties ; le plan de détail sera précisé dans les introductions de parties.
L’expression doit être simple et claire. Il est conseillé de réutiliser les termes majeurs du sujet. Bannir les phrases confuses, elles sont le signe d’un plan peu rigoureux.
CINQUIEME ETAPE : l’argumentation.
Une dissertation n’est ni la récitation d’un cours, ni l’affirmation d’opinions. La dissertation construit progressivement la réponse au sujet présenté dans l’introduction ; elle doit convaincre le lecteur de la pertinence de votre réponse en utilisant des notions définies, des analyses explicitées et des exemples précis situés dans le temps et dans l’espace.
Argumenter, c’est mobiliser et organiser les connaissances pertinentes pour construire une réponse raisonnée aux questions soulevées par la problématique.
L’argumentation doit être précise et rigoureuse pour convaincre, mais elle ne doit pas être trop étoffée pour s’inscrire dans une dissertation en 4 heures.
* Construire une argumentation personnelle : c’est l’étudiant qui argumente, qui raisonne ; il est donc maladroit de décliner les différentes analyses portant sur un thème comme si on ouvrait les tiroirs de sa mémoire (« pour les néo-Classiques… » « pour les Keynésiens » « pour les … » ceci ressemble plus à un exposé de connaissances ou à une compilation, qu’à une dissertation ; ceci ne veut pas dire que ces analyses ne doivent pas être exposés mais elles doivent s’inscrire dans le raisonnement propre de l’étudiant. De même, certains étudiants multiplient les citations et références aux auteurs en pensant ainsi influencer favorablement le correcteur ; attention, une citation accompagne une explication mais ne s’y substitue pas ; une phrase du type « Keynes a montré que… » n’a aucun intérêt si la démonstration n’est pas clairement faite !
* Construire une argumentation structurée : le plan a permis de dégager les étapes de l’argumentation ; chaque sous-partie du développement doit présenter une argumentation conduisant à une conclusion partielle.
* Construire une argumentation cohérente : il faut veiller à la cohérence interne du raisonnement ; ainsi les faits historiques doivent être replacés dans leur contexte (ex : la pauvreté ne recouvrent pas les mêmes situations au milieu du 19ème siècle, pendant la crise de 1929, pendant les années 50 ou actuellement). Ne pas utiliser de concept en dehors du cadre où il est scientifiquement valide. Veiller à la cohérence externe du raisonnement : il doit s’inscrire en permanence dans la problématique du sujet. Un raisonnement peut être rigoureux, précis et hors sujet ! C’est au moment où on formule l’idée directrice et que l’on rédige la phrase de conclusion de l’argumentation qu’il faut vérifier que l’on reste bien dans l’esprit du sujet.
* Gérer le temps et la longueur : on n’est pas noté au poids ! Disserter, c’est choisir les arguments à présenter dans une épreuve de 2, 3 ou 4 heures (voire 5 en Doctorat) ; (8 à 10 pages pour 4h – 4 pages pour 2h). Or les connaissances sont souvent plus développées, au moins sur certains points du sujet ; il faut donc maîtriser le raisonnement.
Gérer son temps, c’est anticiper, cadrer la dimension des arguments dès le départ, pour avoir le temps de traiter correctement les arguments de la fin du devoir, et de rédiger une bonne conclusion. (Il n’est pas rare de voir des argumentations très détaillées en début de dissertation et beaucoup plus rapides à la fin !)
SIXIEME ETAPE : rédiger
Les deux premiers éléments de la dissertation (traiter le sujet, argumenter) relèvent du fond ; mais la forme est également importante !
Il existe des règles générales de forme communes avec les dissertations de philosophie ou de culture générale et des règles spécifiques aux épreuves d’analyse économique et historique, ou d’économie, des concours. La dissertation doit être entièrement rédigée. En principe, elle n’inclut donc pas de schéma ou de graphique, ni d’abréviations.
En ce qui concerne les sigles, ils peuvent être utilisés après avoir été explicités lors de leur premier emploi.
La dissertation économique n’est pas un exercice de style, la forme doit servir l’argumentation : il faut prendre l’habitude de phrases courtes et simples. Il faut de plus veiller à l’orthographe et en particulier celle des noms propres, donc prendre le temps de se relire attentivement avant de remettre sa copie.
Il est possible de progresser rapidement en respectant quelques consignes :
* Présenter clairement sa copie : la forme, c’est aussi la présentation de la copie « l’œil du correcteur doit pouvoir repérer facilement le développement de la pensée du candidat dans un texte clair et aéré ». L’écriture doit être lisible ; ne pas utiliser d’encre claire (pastel) ; éviter les rajouts en marge et les ratures.
* Mettre en évidence la structure de l’argumentation : il est très important de mettre en évidence le plan, la structure de raisonnement. Mais il faut éviter d’utiliser les titres soulignés ; s’ils sont tolérables pour les grandes parties, il est recommandé de les remplacer par la première phrase de l’introduction de partie, qui se substitue à eux de façon plus élégante.
Une introduction de partie présente brièvement (3 à 5 lignes) le titre c’est à dire l’idée directrice de la partie et son plan ; elle doit se détacher du reste du texte.
De même, puisque chaque partie ou sous-partie constitue une étape du raisonnement, elle doit se terminer par une conclusion qui indique clairement les éléments de réponse au sujet qui viennent d’être apportées.
Il faut aller à la ligne à la fin des sous-parties (on indique qu’on franchit une étape du raisonnement) ; il ne faut pas aller à la ligne avant d’avoir terminé une argumentation ; celle-ci finit toujours par un retour au sujet, dégageant bien la réponse partielle qui vient d’être apportée à la question posée par le sujet.
De même, il faut sauter 1 ou 2 lignes entre l’introduction et le développement, entre chacune des grandes parties de la dissertation, entre le développement et la conclusion.
* Articuler les étapes successives du raisonnement la rédaction doit exprimer clairement une argumentation, c’est à dire un enchaînement logique et structuré de propositions étayées par des données historiques et des analyses théoriques.
Il faut absolument éviter les phrases longues et confuses, un raisonnement doit s’exprimer par une suite logique de phrases courtes, liées les unes aux autres.
Des expressions traditionnellement utilisées permettent de décomposer le raisonnement et faciliter la lecture.
SEPTIEME ETAPE : conclure
Comme l’introduction, la conclusion doit être particulièrement soignée ; c’est la signature du devoir ; la conclusion ne doit pas être longue (une dizaine de lignes suffisent amplement puisqu’elle n’amène pas d’argument nouveaux). Etre attentif à l’expression : claire et synthétique.
Pour ne pas bâcler cette conclusion faute de temps, il est recommandé d’en noter au brouillon les phrases clés immédiatement après avoir construit son plan détaillé. La conclusion comprend généralement 2 paragraphes :
* La réponse au sujet. Le 1er paragraphe de la conclusion répond à la question dégagée en introduction (ne pas être en contradiction avec l’argumentation développée dans la dissertation !)
Inutile de représenter tous les arguments développés précédemment, ce serait maladroit et lourd de les résumer. Dans la conclusion, on doit donner une réponse à la fois synthétique et personnelle. (Académique, pas familière ou journalistique)
Il ne faut surtout pas utiliser la conclusion pour traiter rapidement ce qui aurait été oublié dans le développement, c’est trop tard !
* L’ouverture. Dans le 2ème paragraphe, l’ouverture propose d’élargir ou de prolonger la discussion en indiquant le thème de réflexion qu’il est logique d’aborder après avoir traité le sujet.
Cette ouverture permet également de relativiser le développement : on a résolu un problème mais il en est d’autres qui appellent peut-être des réponses complémentaires.
Eviter de finir avec un point d’interrogation : on peut suggérer une nouvelle piste sans poser pour autant une question.
HUITIEME ETAPE : aller plus loin
Il faut enrichir ses connaissances
Il faut s’approprier la méthodologie de la dissertation
Des sujets d’examen sont disponibles dans des ouvrages ou sur Internet : s’entraîner en construisant des plans détaillés, en rédigeant des introductions et des conclusions
Dans votre acquisition de connaissances, utiliser dictionnaires et manuels
La dissertation est révélatrice des qualités de l’élève :
Esprit d’analyse et de synthèse
Capacité à problématiser et à argumenter
Aptitude à gérer son temps
Aptitude à exprimer ses idées
Disserter s’apprend : il suffit d’en connaître les règles puis d’acquérir les « savoir-faire » par un entraînement systématique.1. Première étape : l’analyse du sujet
2. Deuxième étape : mobiliser les connaissances
3. Troisième étape : de la problématique au plan
4. Quatrième étape : l’introduction
5. Cinquième étape : l’argumentation
6. Sixième étape : rédiger
7. Septième étape : conclure
8. Huitième étape : pour aller plus loin.
PREMIERE ETAPE : l’analyse du sujet
Etape incontournable (15 mn) – pour décrypter le sujet, traiter tout le sujet, rien que le sujet – étape souvent négligée par l’élève !
Quatre moments de travail :
repérer et définir le champ d’étude : les concepts clés doivent être définis au brouillon, définitions qui seront ensuite utilisées dans l’introduction de la dissertation.
La qualité des définitions détermine la suite du travail : une bonne définition met en évidence le contenu mais aussi les limites de l’objet étudié. Ceci permet de clarifier le « thème » du sujet et d’identifier le champ de connaissances auquel il se rattache ; on peut alors faire un inventaire rapide des notions clés et des références essentielles sur ce thème (historique, analyses, ..)
comprendre le sujet : le sujet peut poser une question explicite, claire (ex : la croissance peut-elle être durable ?) ; mais le sujet peut rester implicite, ne pas proposer une problématique ; c’est à l’élève de l’expliciter en dégageant la ou les questions clés (ex : évolutions de l’entreprise et du capitalisme, depuis la fin du 19ème siècle).
Dans tous les cas, il faut être attentif aux mots et expressions qui délimitent le travail à effectuer et respecter les consignes. (ex : analyser les relations entre… ; peut-on à juste titre parler de…)
délimiter le champ du sujet : le sujet peut être général et porter sur l’ensemble de la période et des pays concernés ; il faudra veiller à couvrir l’ensemble du champ en variant les exemples dans le temps et dans l’espace. Au contraire, les champs géographique et temporel peuvent être explicitement délimités (indication du pays et de la période)
reformuler la question : le travail d’analyse du sujet se termine avec la (re)formulation de la question. Au brouillon, il peut être très utile de schématiser la question.
Exemples : pour le sujet « l’accumulation du capital est-elle la source principale de la croissance économique ? » avec le schéma :
Accumulation du capital =>> source principale ? =>> Croissance économique
Ce qui est différent de
Accumulation => ? Croissance
Du capital <= ? Économique
Cette schématisation prépare l’explicitation et la présentation du sujet dans l’introduction.
Exemple : pour les sujets implicites (tels que « évolutions de l’entreprise et du capitalisme depuis la fin du 19ème siècle »), on peut décomposer le sujet comme suit :
les transformations structurelles du capitalisme impliquent des évolutions de l’entreprise
réciproquement, les évolutions de l’entreprise expriment les transformations profondes du capitalisme.
Et donc, une reformulation de la question pourra être : Comment les évolutions du capitalisme et de l’entreprise s’articulent-elles, depuis la fin du 19ème siècle ?
DEUXIEME ETAPE : mobiliser les connaissances.
Il n’y a pas de dissertation sans connaissances. Il faut mettre en relation un sujet et des connaissances. Le travail de mobilisation des connaissances s’inscrit dans le prolongement immédiat de l’analyse du sujet ; les bonnes idées s’envolent vite, il faut donc noter au brouillon les éléments qui vont soutenir votre raisonnement jusqu’à la fin de la dissertation.
* Mobiliser les connaissances pertinentes …. : L’analyse du sujet a permis de repérer les notions clés et d’inventorier rapidement les analyses et exemples essentiels ; il faut après sur le brouillon explorer le champ conceptuel et historique en restant dans la perspective du sujet. (votre cours et vos lectures)- une connaissance en appelle d’autres, les noter vite si et seulement si elles s’inscrivent dans le cadre du sujet.
* … puis les classer : il est nécessaire de classer et de hiérarchiser les connaissances : les notions les plus proches du sujet devront être définies de façon détaillée et illustrées par des exemples approfondis ; ces explications exigent à leur tour d’utiliser d’autres notions qui ne seront que brièvement explicitées (il ne faut pas les approfondir, il faut les citer, elles sont bien dans le sujet et cette réflexion contribue à enrichir le sujet)
TROISIEME ETAPE : de la problématique au plan.
A la différence d’une question de cours qui demande de « réciter » des connaissances, une dissertation exige de dégager une problématique à laquelle il faudra répondre : la pertinence de la question posée est la première condition de la réussite de la dissertation. La problématique est l’ensemble des questions auxquelles il faudra répondre pour traiter le sujet posé. La problématique centrale se dégage de la (re)formulation du sujet et se décline en questions plus précises auxquelles répondront les parties et sous-parties de la dissertation. Une problématique centrale est bonne si elle permet de couvrir tout le champ du sujet et révèle son intérêt.
Exemple : pour le sujet « progrès technique et emploi », se pose la réflexion : le progrès technique est accusé de façon récurrente de détruire les emplois et d’engendrer le chômage ; pourtant la corrélation entre progrès technique et emploi se révèle positive à long terme ; ce paradoxe justifie le sujet et fournira un fil conducteur à la dissertation ; on peut alors formuler 3 questions :le progrès technique influence-t-il le volume de l’emploi ?
le progrès technique influence-t-il la structure de l’emploi ?
l’emploi, en retour, influence-t-il l’intensité et la nature du progrès technique ?
Si la problématique se déduit du sujet, le plan se déduit de la problématique.
Le plan structure la dissertation en dégageant les principales étapes de la réponse apportée au sujet. Construire un plan ne signifie pas seulement trouver les titres des deux ou trois grandes parties : le plan doit être décomposé en sous-parties ; pour chacune d’entre elles, il faut noter l’idée directrice, les principaux arguments et exemples utilisés. Il permettra ainsi de rédiger directement sans ratures importantes. On distingue 3 axes de travail.
* Du plan provisoire au plan définitif : le premier jet constitue un plan provisoire qu’il faut examiner de façon critique et corriger. Le plan résulte d’un dialogue entre le sujet et les connaissances : chaque partie ou sous-partie s’inscrit-elle dans la problématique centrale du sujet ? les différentes parties s’enchaînent-elles logiquement pour construire une réponse au sujet posé ? y a-t-il des répétitions ? Les parties et sous-parties sont-elles suffisamment équilibrées ? Après corrections, le plan devient définitif ; un bon plan traite le sujet, est progressif et équilibré.
* Plan formel et plan véritable un plan ne doit pas être formel, il doit exprimer la réflexion cohérente de l’étudiant. Eviter les plans « oui/non ». (un argument et son inverse) ; c’est un plan formel mais pas un plan raisonné ; un bon plan doit être cohérent et doit mettre en évidence la cohérence de la réponse au sujet.
[Pour organiser un plan, il est souvent utile de distinguer deux (ou trois) niveaux de raisonnement : court, (moyen), long terme / dans le contexte 1, dans le contexte 2 / sur la période 1, sur la période 2 / les dimensions structurelles et conjoncturelles / effets ou causes directs et indirects / effets quantitatifs et qualitatifs / optique microéconomique et macroéconomique / effets (ou causes) internes ou endogènes et externes ou exogènes / du côté de l’offre et de la demande. Ces subdivisions simples sont particulièrement efficaces pour structurer les sous-parties de la dissertation. ]
* Les différents types de plan
Le plan peut comprendre 2 ou 3 parties, elles-mêmes subdivisées en 2 ou 3 sous-parties. Il n’y a pas de plan type mais des plans adaptés au sujet posé et aux connaissances : rien ne sert de trouver un plan original si on ne peut développer précisément les arguments annoncés.
Les plans les plus usuels sont présentés dans le tableau : typologie des plans.
Mais le plan définitif peut s’éloigner de ces plans types si le sujet ou les connaissances le justifient, et d’autres plans peuvent être plus originaux.
QUATRIEME ETAPE : l’introduction
Après avoir analysé le sujet et construit un plan adapté, on peut rédiger l’introduction.
L’objectif est d’engager le lecteur vers sa démarche cohérente et pertinente de traitement du sujet. L’introduction ne doit pas empiéter sur le développement : elle justifie le sujet et avance une problématique, elle pose le problème mais n’y répond pas.
C’est un moment fort de la dissertation qui fournira au lecteur-correcteur les premières impressions souvent déterminantes. L’introduction doit donc être rédigée au brouillon. Elle doit être précise, ce qui interdit les généralités et les banalités ; elle doit être proportionnée au devoir, représenter moins d’un huitième de la dissertation (moins d’une page sur huit). Traditionnellement, on distingue 3 temps dans l’introduction mais il est possible de dépasser ces 3 règles si cela améliore l’introduction ou est nécessaire pour le sujet ;
* L’accroche : il faut placer le lecteur dans la perspective du sujet ; l’accroche porte logiquement sur ce qui est immédiatement en amont du thème central du sujet ; il faut éviter les accroches journalistiques : une référence historique ou théorique est plus valorisante et justifie mieux le sujet. On peut ensuite, selon les sujets, définir les notions clés ou préciser le contexte dans lequel il faut le placer
* L’énoncé du sujet et la problématique : la définition des notions clés du sujet ou l’évocation d’un fait historique majeur révèlent l’intérêt du thème, il faut alors énoncer le sujet.
On peut ensuite présenter la problématique et préciser les champs historiques et géographiques. C’est là un moment clé montrant la bonne compréhension du sujet, dans ses diverses dimensions. Inutile d’écrire « ce sujet est intéressant », c’est l’enchaînement cohérent des propositions qui établira cet intérêt.
* L’annonce du plan : on peut reprendre les éléments essentiels de la problématique pour présenter le plan. L’introduction générale ne présente que le plan d’ensemble, les idées directrices des 2 ou 3 grandes parties ; le plan de détail sera précisé dans les introductions de parties.
L’expression doit être simple et claire. Il est conseillé de réutiliser les termes majeurs du sujet. Bannir les phrases confuses, elles sont le signe d’un plan peu rigoureux.
CINQUIEME ETAPE : l’argumentation.
Une dissertation n’est ni la récitation d’un cours, ni l’affirmation d’opinions. La dissertation construit progressivement la réponse au sujet présenté dans l’introduction ; elle doit convaincre le lecteur de la pertinence de votre réponse en utilisant des notions définies, des analyses explicitées et des exemples précis situés dans le temps et dans l’espace.
Argumenter, c’est mobiliser et organiser les connaissances pertinentes pour construire une réponse raisonnée aux questions soulevées par la problématique.
L’argumentation doit être précise et rigoureuse pour convaincre, mais elle ne doit pas être trop étoffée pour s’inscrire dans une dissertation en 4 heures.
* Construire une argumentation personnelle : c’est l’étudiant qui argumente, qui raisonne ; il est donc maladroit de décliner les différentes analyses portant sur un thème comme si on ouvrait les tiroirs de sa mémoire (« pour les néo-Classiques… » « pour les Keynésiens » « pour les … » ceci ressemble plus à un exposé de connaissances ou à une compilation, qu’à une dissertation ; ceci ne veut pas dire que ces analyses ne doivent pas être exposés mais elles doivent s’inscrire dans le raisonnement propre de l’étudiant. De même, certains étudiants multiplient les citations et références aux auteurs en pensant ainsi influencer favorablement le correcteur ; attention, une citation accompagne une explication mais ne s’y substitue pas ; une phrase du type « Keynes a montré que… » n’a aucun intérêt si la démonstration n’est pas clairement faite !
* Construire une argumentation structurée : le plan a permis de dégager les étapes de l’argumentation ; chaque sous-partie du développement doit présenter une argumentation conduisant à une conclusion partielle.
* Construire une argumentation cohérente : il faut veiller à la cohérence interne du raisonnement ; ainsi les faits historiques doivent être replacés dans leur contexte (ex : la pauvreté ne recouvrent pas les mêmes situations au milieu du 19ème siècle, pendant la crise de 1929, pendant les années 50 ou actuellement). Ne pas utiliser de concept en dehors du cadre où il est scientifiquement valide. Veiller à la cohérence externe du raisonnement : il doit s’inscrire en permanence dans la problématique du sujet. Un raisonnement peut être rigoureux, précis et hors sujet ! C’est au moment où on formule l’idée directrice et que l’on rédige la phrase de conclusion de l’argumentation qu’il faut vérifier que l’on reste bien dans l’esprit du sujet.
* Gérer le temps et la longueur : on n’est pas noté au poids ! Disserter, c’est choisir les arguments à présenter dans une épreuve de 2, 3 ou 4 heures (voire 5 en Doctorat) ; (8 à 10 pages pour 4h – 4 pages pour 2h). Or les connaissances sont souvent plus développées, au moins sur certains points du sujet ; il faut donc maîtriser le raisonnement.
Gérer son temps, c’est anticiper, cadrer la dimension des arguments dès le départ, pour avoir le temps de traiter correctement les arguments de la fin du devoir, et de rédiger une bonne conclusion. (Il n’est pas rare de voir des argumentations très détaillées en début de dissertation et beaucoup plus rapides à la fin !)
SIXIEME ETAPE : rédiger
Les deux premiers éléments de la dissertation (traiter le sujet, argumenter) relèvent du fond ; mais la forme est également importante !
Il existe des règles générales de forme communes avec les dissertations de philosophie ou de culture générale et des règles spécifiques aux épreuves d’analyse économique et historique, ou d’économie, des concours. La dissertation doit être entièrement rédigée. En principe, elle n’inclut donc pas de schéma ou de graphique, ni d’abréviations.
En ce qui concerne les sigles, ils peuvent être utilisés après avoir été explicités lors de leur premier emploi.
La dissertation économique n’est pas un exercice de style, la forme doit servir l’argumentation : il faut prendre l’habitude de phrases courtes et simples. Il faut de plus veiller à l’orthographe et en particulier celle des noms propres, donc prendre le temps de se relire attentivement avant de remettre sa copie.
Il est possible de progresser rapidement en respectant quelques consignes :
* Présenter clairement sa copie : la forme, c’est aussi la présentation de la copie « l’œil du correcteur doit pouvoir repérer facilement le développement de la pensée du candidat dans un texte clair et aéré ». L’écriture doit être lisible ; ne pas utiliser d’encre claire (pastel) ; éviter les rajouts en marge et les ratures.
* Mettre en évidence la structure de l’argumentation : il est très important de mettre en évidence le plan, la structure de raisonnement. Mais il faut éviter d’utiliser les titres soulignés ; s’ils sont tolérables pour les grandes parties, il est recommandé de les remplacer par la première phrase de l’introduction de partie, qui se substitue à eux de façon plus élégante.
Une introduction de partie présente brièvement (3 à 5 lignes) le titre c’est à dire l’idée directrice de la partie et son plan ; elle doit se détacher du reste du texte.
De même, puisque chaque partie ou sous-partie constitue une étape du raisonnement, elle doit se terminer par une conclusion qui indique clairement les éléments de réponse au sujet qui viennent d’être apportées.
Il faut aller à la ligne à la fin des sous-parties (on indique qu’on franchit une étape du raisonnement) ; il ne faut pas aller à la ligne avant d’avoir terminé une argumentation ; celle-ci finit toujours par un retour au sujet, dégageant bien la réponse partielle qui vient d’être apportée à la question posée par le sujet.
De même, il faut sauter 1 ou 2 lignes entre l’introduction et le développement, entre chacune des grandes parties de la dissertation, entre le développement et la conclusion.
* Articuler les étapes successives du raisonnement la rédaction doit exprimer clairement une argumentation, c’est à dire un enchaînement logique et structuré de propositions étayées par des données historiques et des analyses théoriques.
Il faut absolument éviter les phrases longues et confuses, un raisonnement doit s’exprimer par une suite logique de phrases courtes, liées les unes aux autres.
Des expressions traditionnellement utilisées permettent de décomposer le raisonnement et faciliter la lecture.
SEPTIEME ETAPE : conclure
Comme l’introduction, la conclusion doit être particulièrement soignée ; c’est la signature du devoir ; la conclusion ne doit pas être longue (une dizaine de lignes suffisent amplement puisqu’elle n’amène pas d’argument nouveaux). Etre attentif à l’expression : claire et synthétique.
Pour ne pas bâcler cette conclusion faute de temps, il est recommandé d’en noter au brouillon les phrases clés immédiatement après avoir construit son plan détaillé. La conclusion comprend généralement 2 paragraphes :
* La réponse au sujet. Le 1er paragraphe de la conclusion répond à la question dégagée en introduction (ne pas être en contradiction avec l’argumentation développée dans la dissertation !)
Inutile de représenter tous les arguments développés précédemment, ce serait maladroit et lourd de les résumer. Dans la conclusion, on doit donner une réponse à la fois synthétique et personnelle. (Académique, pas familière ou journalistique)
Il ne faut surtout pas utiliser la conclusion pour traiter rapidement ce qui aurait été oublié dans le développement, c’est trop tard !
* L’ouverture. Dans le 2ème paragraphe, l’ouverture propose d’élargir ou de prolonger la discussion en indiquant le thème de réflexion qu’il est logique d’aborder après avoir traité le sujet.
Cette ouverture permet également de relativiser le développement : on a résolu un problème mais il en est d’autres qui appellent peut-être des réponses complémentaires.
Eviter de finir avec un point d’interrogation : on peut suggérer une nouvelle piste sans poser pour autant une question.
HUITIEME ETAPE : aller plus loin
Il faut enrichir ses connaissances
Il faut s’approprier la méthodologie de la dissertation
Des sujets d’examen sont disponibles dans des ouvrages ou sur Internet : s’entraîner en construisant des plans détaillés, en rédigeant des introductions et des conclusions
Dans votre acquisition de connaissances, utiliser dictionnaires et manuels
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