Dans les années 1950, Franco Modigliani va se référer aux conclusions du modèle de Fisher de la consommation pour tenter de résoudre l’énigme de la consommation et expliquer la contradiction entre la théorie keynésienne et les faits observés. Comme nous l’avons vu, le modèle de Fisher suppose que la consommation d’une période dépend des revenus de toutes les périodes. L’hypothèse que va poser Modigliani est que le revenu est cyclique, qu’il est variable le long de la vie et que les ménages vont transférer une partie de leurs revenus des années « grasses » vers la consommation des années « maigres ».
L’objectif de ces transferts de revenus est d’avoir une structure de consommation relativement stable durant toute la vie.
La principale raison à l’origine des fluctuations des revenus est l’existence d’une période d’activité où les revenus sont relativement élevés, et d’une période d’inactivité (la retraite) où les revenus sont relativement faibles, voir nuls. Le rôle de l’épargne, dans ce cas, est de répondre au désir des ménages de ne pas voir leur consommation baisser substantiellement durant la période de retraite. Cette incitation à épargner va avoir des implications sur la fonction de consommation.
Pour illustrer la contribution de Modigliani, nous supposons un ménage qui dispose d’une richesse initiale égale à Wo. Ce ménage s’attend à vivre encore n années dont e années d’activité et (n – e) années de retraite. Il perçoit, durant la période d’activité, un revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers.
Question : quel niveau de consommation doit-il avoir pour être en
mesure de « lisser » sa consommation durant toute la durée de vie ?
Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le taux d’intérêt est nul.
Les ressources de ce ménages s’élèvent à : Wo + e Y
Sa consommation annuelle sera donc :
Exemple :
pour n = 40 et e = 20, la fonction de consommation est : C = 0,025 W0 + 0,5 Y.
Cette dernière relation indique que la consommation dépend de la richesse et du revenu. Toute unité supplémentaire de richesse implique une augmentation de la consommation de 0,025 unité, et toute augmentation du revenu se traduit par une augmentation de la consommation de 0,5 unité.
Si tous les ménages adoptent un comportement similaire, la fonction de consommation agrégée sera : C = α W + β Y
Où : α = propension marginale à consommer une partie de la richesse
β = propension marginale à consommer une partie du revenu
A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante à court terme. Elle ne varie qu’à long terme suite à l’accumulation de l’épargne.
Au niveau individuel, la richesse augmente, puis baisse. Mais pour l’ensemble des ménages, c’est-à-dire au niveau macroéconomique, la richesse suit un trend ascendant. Ainsi :
- à court α W = α W0 (une constante) et la fonction de consommation est : C = α W0 + β Y. Cette fonction de consommation est similaire à celle de Keynes où α W0 est la consommation autonome et β Y la consommation induite. Et la PMC=(αW0/Y)+β décroissante par rapport au revenu.
- Mais, à long terme, au fur et à mesure que la richesse augmente, la
fonction de consommation va se déplacer vers le haut. L’accroissement du
revenu va être compensée par l’accroissement de la richesse de sorte
que la propension moyenne à consommer va rester constante. En effet, PMC=(αW/Y)+β
Et comme W et Y vont augmenter en parallèle, rien ne prédispose la PMC à baisser.
Ainsi, la contribution de Modigliani a établi que la consommation des ménages dépend en partie du revenu courant, mais elle dépend aussi de la richesse. Cette contribution a permis de résoudre la contradiction entre la théorie de la consommation et l’histoire concrète.
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